Pour inaugurer cette édition anniversaire, la Maison des Cultures du Monde convie trois illustres musiciens avec lesquels elle entretient une relation fidèle. La chanteuse syrienne Waed Bouhassoun a été découverte à Damas par Chérif Khaznadar, qui l’accompagne depuis les débuts de sa brillante carrière en France et en Europe. Omar Bashir est le fils de l’illustre de Munir Bachir, ce grand musicien irakien qui a donné ses lettres de noblesse au oud et marqué l’histoire de la Maison des Cultures du Monde. Virtuose du ney, Kudsi Ergüner a contribué à faire découvrir au public occidental la musique savante ottomane et la musique soufie dont il est l’un des plus fins connaisseurs.
Sa majesté Gbèzé Ayontinmè Tofa IX, actuel héritier de l’ancêtre fondateur Tè Agbanlin, et les femmes du palais royal, seules détentrices des secrets du culte des vodun d’Ajogan, performent une version singulière du rite lors de diverses occasions sacrées ou profanes.
Dans un contexte où les nouvelles religions ont pris une ampleur importante, Ajogan permet de préserver et de transmettre les mémoires et les valeurs des collectivités royales. La cour de Tofa IX continue par conséquent à être sollicitée pour conter l’histoire du royaume et les hauts faits des rois et pour ramener la paix.
Ce rite consiste à danser et chanter les panégyriques (ou louanges) de la famille royale, les mythes de la migration ancestrale, mais aussi l’histoire de la traite, de la colonisation, et différentes questions contemporaines telles que l’éducation. Les chants et danses sont accompagnés d’instruments en cuivre ou en argent : les cannes de danse alunlun et les gongs aké et gansi. Le ballet ajogan est une performance royale et féminine qui dure parfois plus de cinq heures dont il sera proposé une version plus réduite. Cet art de cour a été étudié en détail par Gilbert Rouget dans l’ouvrage Un Roi africain et sa musique de cour, qu’il a complété en réalisant un film à partir des images filmées par Jean Rouch en 1969. Une projection et une mise en perspective du travail de Gilbert Rouget seront proposées en amont de la représentation.
D’après Madina Yêhouétomè
lauréate du 8e Prix MCM
Le spectacle débutera par une projection du documentaire de Gilbert Rouget, Porto Novo, ballet de cour des femmes du roi (1996), animée par l’ethnomusicologue Madeleine Leclair (Musée d’ethnographie de Genève).
Prix MCM
Ce projet a été proposé par Madina Yêhouétomè, lauréate du 8e Prix de la MCM en 2019. Elle poursuit aujourd’hui une thèse de doctorat en anthropologie sociale à l’Université de Paris Cité sous la direction de Madame Saskia Cousin, portant sur la restitution et les matrimoines royaux au Sud-Bénin.