Comment transmettre le patrimoine culturel immatériel et notamment les savoir-faire, en particulier dans le secteur spécifique des métiers d’art ? Les Cahiers du CFPCI n°6 abordent ces questions sans limiter l'analyse aux métiers, aux savoir-faire et aux objets créés.
Des écoles d'arts appliqués aux ateliers conservatoires, des compagnonnages aux dispositifs maîtres-élèves, la transmission des savoir-faire constitue un enjeu majeur des métiers d'art et de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Des États, des collectivités, des communautés et des individus ont tenté d'apporter des réponses à ce défi en développant, à des échelles diverses, différents systèmes de transmission dont les plus anciens ont traversé les siècles.
La formation, qui peut être institutionnalisée ou non, est parfois adossée à la promotion et la désignation, au moyen de titres variés, de celles et ceux qui maîtrisent le mieux ces techniques et métiers. Ainsi au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte marqué par les destructions et les pertes, le Japon met en place en 1950 le système des « Trésors nationaux vivants », en vue d'assurer la sauvegarde des nombreuses connaissances et compétences artistiques et artisanales alors menacées de disparaître. En 1962, la Corée créée le système similaire des « Trésors humains vivants ». Ces dispositifs inspirent en 1993 à l'Unesco le programme du même nom, afin d'encourager les États membres à distinguer les détenteurs les plus talentueux des expressions et des pratiques qui seront une décennie plus tard reconnues par la Convention internationale pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (2003), avec l'objectif de transmettre celles-ci aux générations futures. Ce programme donnera lieu, dans les années 90, à des déclinaisons diverses en fonction des contextes nationaux, dans plusieurs pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique du Sud et d'Europe, dont en France le dispositif « Les Maîtres d'art et leurs Élèves » créé en 1994 par le ministère de la Culture et de la Communication.
Sur les territoires, les acteurs publics et privés de ces secteurs, les institutions de conservation et de formation, les réseaux professionnels tentent de se mobiliser et d'adapter leurs pratiques aux mutations technologiques, économiques et sociales, afin d'expérimenter des modes de transmission opérationnels et innovants des savoir-faire et des métiers.
Dans une perspective critique et comparative, des chercheurs issus de plusieurs disciplines (anthropologie, histoire, économie...), des responsables d'administrations ou d'établissements d'enseignement, des artistes et des praticiens, originaires du Japon, de Chine, d'Italie, de Hongrie, de Belgique, de Suisse, et de plusieurs régions françaises, sont invités à partager leurs réflexions et leurs témoignages, à travers la présentation et l'évaluation critique de différents dispositifs formels, non-formels ou mixtes, de projets et d'expériences mis en oeuvre en Bretagne et dans d'autres territoires en France, en Europe et dans le monde.
Ces rencontres sont organisées dans le cadre du colloque annuel de l'ethnopôle CFPCI – pôle national de recherche et de ressources en ethnologie - autour des politiques du patrimoine culturel immatériel et de leurs effets, à l'occasion de l'exposition « Maîtres d'art » présentée à Vitré du 28 mai au 18 septembre, en partenariat avec l'association des Ateliers des Maîtres d'art et de leurs élèves. Elles font écho à la réflexion spécifique engagée en 2016 par la Région sur l'accompagnement des métiers d'art en Bretagne.
Intervenants:
Nicolas Adell, anthropologue, maître de conférence à l'université de Toulouse-Jean Jaurès
Noriko Aikawa, conseillère pour le PCI auprès de l’Agence des Affaires culturelles du Japon, ancienne directrice de l’Unité du Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco
Alberto Cavalli, directeur général, Fondation Cologni pour les métiers d'art, Milan
Francesca Cominelli, économiste, maître de conférence à l’IREST, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Christelle Familiari, artiste, enseignante à l'École européenne supérieure d'art de Bretagne
Eric Fischer, Directeur de la Fondation de l'oeuvre Notre-Dame de Strasbourg
Joeri Januarius, coordinateur d'ETWIE, centre d'expertise sur le patrimoine technique, scientifique et industriel, professeur à l'université libre de Bruxelles
Dóra Kovács, coordinatrice du Comité national du patrimoine culturel immatériel de Hongrie, Musée hongrois de plein air de Szentendre
Pascal Leclercq, directeur scientifique et culturel de l'Institut national des métiers d'art (INMA)
Marie-Hélène Massé-Bersani, Directrice de la production des manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie, et des ateliers de dentelle d'Alençon et du Puy
Hervé Munz, anthropologue, post-doctorant, Fonds national suisse de la recherche scientifique, chercheur invité aux universités de Londres (SOAS) et de Hong Kong (HKU)
Pierre Reverdy, délégué à l'international pour l'association des Ateliers des Maîtres d'art et de leurs Élèves, Maître d'art, coutelier d'art en acier damassé
Emilie Rousseau, Observatoire de l'architecture de la Chine contemporaine
Danièle Yvergniaux, directrice de l'École européenne supérieure d'art de Bretagne
Table ronde:
Jean-Paul Chapelle, compagnon charpentier des Devoirs, responsable de la revue Compagnons et maîtres d'oeuvres, ancien président de la Fédération nationale compagnonnique des métiers du bâtiment;
Roger Hérisset, docteur en ethnologie spécialiste de l'étude des vanneries, chercheur associé au Centre de recherches bretonnes et celtiques de l'université de Bretagne occidentale;
Pascal Jaouen, brodeur et styliste, fondateur de l'école de broderie d'art de Quimper;
Bruno Lesteven, atelier de tissage à bras « aux Fils de l'Arz », président du syndicat professionnel des tisserands de Bretagne et maître artisan en métier d’art;
Erik Marchand, musicien, formateur, directeur artistique de DROM-Kreiz Breizh Academi;
Paul Robert-Kerouedan, administrateur, Fédération régionale pour la culture et le patrimoine maritimes en Bretagne (FRCPM), Centre de formation professionnelle Ateliers de l'enfer;
Visite de l'exposition « Maîtres d'art » avec les artistes présents, autour de leurs expériences de transmission : Yves Benoît, gaufreur, imprimeur, façonneur de velours, Maître d'art, Président de l'association des Ateliers des Maîtres d'art et de leurs Élèves ; Cyril Fortin, ébéniste, restaurateur de pianoforte et de clavicorde ; Christine Hurier, brodeuse-ornemaniste ; Annie Bocel, artiste graveur, graveur de de poinçons typographiques ; Gaétan Girard, graveur d'art, taille-doucier ; Denis Mallejac, restaurateur du bâti ancien, Maître d'art ; Amandine Camp, fabricante de papier et restauratrice d'art graphique…
Avec le soutien du ministère de la Culture/direction générale des Patrimoines, de la Région Bretagne, et de la Ville de Vitré
En collaboration avec l'association des Ateliers des Maîtres d'art et de leurs élèves, l'IREST (université Paris 1-Panthéon-Sorbonne), le LISST – Centre d'anthropologie sociale (université Toulouse-Jean Jaurès), l'université du Guizhou Minzu et la Cité de l'architecture et du patrimoine
Comité scientifique et organisation: Nicolas Adell, Anaïs Boutrolle, Séverine Cachat, Francesca Cominelli, Christian Hottin, Clémence Thomas
Entrée libre sur inscription : info@cfpci.fr
Lieux et contacts :
Centre culturel Jacques Duhamel - auditorium Mozart – entrée par le 6 rue de Verdun. Tél. : +33 (0)2 23 55 55 80
Centre français du patrimoine culturel immatériel – Maison des Cultures du Monde - Prieuré des Bénédictins – entrée par le cloître, 2 rue des Bénédictins ou Square des Bénédictins. Tél. : +33 (0)2 99 75 82 90