Lors du colloque international de mai 1995, tenu au siège parisien de l’UNESCO et à la Maison des Cultures du Monde, Jean Duvignaud, Françoise Gründ, Chérif Khaznadar et Jean-Marie Pradier, appelaient à l’importance de structurer une perspective interdisciplinaire de l’esthétique des incarnations de l’imaginaire, afin de sortir de l’ethnocentrisme à l’œuvre dans le champ d’études des pratiques spectaculaires et performatives humaines. Dans cette lancée, le manifeste du 9 février 1995, publié dans le n°13 de la revue Théâtre/Public, soulignait l’importance de comprendre la diversité des pratiques spectaculaires humaines et de développer de nouveaux outils d’investigation.
Depuis cette dynamique et sous la direction de Jean-Marie Pradier, le réseau des doctorants en ethnoscénologie a joué un rôle central à la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord, favorisant alors des rencontres professionnelles, des journées d’études internationales aux côtés de chercheurs en sciences humaines et sociales. De Maurice Godelier à François Laplantine, Jean-François Dusigne, Nathalie Gauthard, Armindo Bião, Pierre Philippe-Meden, Arianna De Sanctis, Éleonore Martin, Kitsou Dubois, Khaki Mohammed Raza, Jin-Hwan Ra, Rolf Abderhalden Cortes, Lee Hyunjoo, et bien d’autres acteur·rices, une réévaluation d’une histoire transnationale des corps spectaculaires se mit à l’œuvre, replaçant les pratiques spectaculaires de l’ailleurs comme celles du proche dans leur contexte culturel, historique et sociologique. Ces différents chercheurs et chercheuses nourrissaient alors la préoccupation conjointe de prendre en compte le point de vue des performeurs, des observateurs et/ou des témoins, mais aussi d’appréhender l’évolution historique des sciences humaines, le rapport des disciplines entre elles, et en particulier l’apport des sciences de la vie.
Presque 30 ans après le colloque fondateur, nous avons voulu faire entendre les récits de parcours de chercheurs et chercheuses qui ancrent leurs travaux « en ethnoscénologie » parce que la recherche est avant tout incarnée, portée par des corps dont les trajectoires singulières aiguisent une perception située sur le monde. L’enjeu est de donner à voir l’émergence et le développement de cette démarche de recherche depuis ses facettes kaléidoscopiques.
Les enregistrements de cette première édition ont été réalisés au sein de la Maison des Cultures du Monde-CFPCI et de la MSH Paris Nord, entre juin et novembre 2022.
Les photographies de Jessica Rozycka et Yohann Teyssier-Verger ont été traitées artistiquement par Yohann Teyssier-Verger pour y apporter des éléments historiques et/ou de contexte.
Le lancement du séminaire s'accompagne d'une exposition photographique qui revient en images sur les séances d’enregistrement du séminaire. Inaugurée à la Maison des Sciences de l'Homme le 22 janvier 2024, elle y est visible jusqu'au 29 mars.
Porteuse de projet et responsabilité scientifique : Carolane Sanchez
En collaboration avec Florence Hinard
Montage podcast : Christina Firmino
Arrangement sonore : Sylvain Robine
Photographies : Jessica Rozycka, Yohann Teyssier-Verger
Traitement artistique des photographies et archives : Yohann Teyssier-Verger
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Ce projet de recherche a reçu un financement de la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord/CNRS (« Créations, pratiques, public » – axe 1 Thème D), du laboratoire ELLIADD et de l’ED LECLA (Université de Franche-Comté), de l’ED EDESTA, du laboratoire Scène du monde/Unité Ethnoscénologie de l’Université Paris 8-Vincennes Saint-Denis, et il est réalisé en partenariat avec la Maison des Cultures du Monde-CFPCI (Vitré).