Avec surtitres français
Les poètes musiciens d’Olymbos aiment se retrouver autour d’une table, sur la place du village ou dans un café, pour se divertir et perpétuer leur tradition musicale dont le répertoire est riche et varié. Même s’ils ne vivent pas de leur art car ils sont avant tout berger, bottier, menuisier, postier ou bien employé, ils sont la clef de voûte des fameuses glendia (fêtes populaires). Véritables piliers de l’expression de la sociabilité communautaire, ces fêtes profanes deviennent para-liturgiques notamment lorsqu’elles accompagnent la Pâque orthodoxe ou les paniyiria (fêtes patronales) qui rythment la vie du village.
Ces poètes musiciens entonnent de longs poèmes épiques ou akritiques datant de l’époque byzantine, certains a cappella et d’autres avec un accompagnement instrumental. Leurs instruments, formant un véritable « orchestre d’instruments fins » byzantin, sont la lyra (vièle à archet), le laouto (luth à long manche) et la tsambouna (cornemuse). Au cours du glendi, accompagnés du seul couple lyra-laouto, ils improvisent aussi des mandinadhès (distiques rimés en vers de quinze syllabes) des heures durant. Dans ces distiques, les poètes chantent aussi bien la joie que la peine, y expriment leur amertume ou leurs plaintes, ou encore, ils y prodiguent des voeux ou des compliments, en s’appuyant sur diverses mélodies qui se sont transmises oralement. À travers ces thèmes variés, la parole improvisée et chantée circule autour de la table dans un flot musical ininterrompu qui s’accompagne de raki (eau de vie locale) et parfois de larmes trahissant les émotions ressenties.
Les poètes musiciens invités – aussi bien chanteurs qu’instrumentistes – sont des fins connaisseurs du répertoire poétique et musical de leur village et des improvisateurs confirmés de mandinadhès. Ils forment une paréa (groupe) dont l’entente est primordiale pour le bon déroulement du glendi. Car il ne s’agit pas ici de joute oratoire mais plutôt d’arriver à créer un climat qui montre la cohésion sociale et où chaque individualité est au service de la collectivité.
Mélanie Nittis
Cette programmation est proposée par Mélanie Nittis, doctorante à l’INALCO, lauréate du Prix de la Maison des Cultures du Monde 2014.
Depuis sa création en 1982, la Maison des Cultures du Monde s’est fixé comme objectif de faire connaître et reconnaître des expressions remarquables de la diversité culturelle à travers le monde. Il s’agit en particulier de formes spectaculaires et d’expressions musicales qui sont peu connues du public français, ou encore peu documentées. Créé en 2012 le prix de la Maison des Cultures du Monde permet à un(e) jeune chercheur(se) de réaliser un projet d’étude et de valorisation d’une forme spectaculaire et/ou musicale relevant du patrimoine culturel immatériel en lui offrant la possibilité de faire venir à Paris dans le cadre du Festival de l’Imaginaire des artistes et/ou praticiens de la forme spectaculaire et/ou musicale qu’il/elle étudie.