Debout au cœur d'Alep la Zawiya Hilalya, résiste et accueille encore les muridin, les fidèles de la confrérie Qâdiriya-Khalwatia, dans le quartier de Jalloum, même si certains ont dû quitter au début de la guerre civile, tel Muhammad Hakim qui en était un des principaux chantres. C'est là que nous l'avions rencontré la première fois. Il participait et animait régulièrement les cérémonies qui se tenaient dans la Zawiya Hilaliya.
Parti d'abord en Afrique du Sud pour quelques années, il souhaite se rapprocher de sa terre natale et s'installe à Istanbul. Mais ni les années noires de la guerre civile ni son éloignement n'ont altéré son attachement à la Zawiya. Les prières et les chants présentés au cours du concert reprennent fidèlement le déroulement de la cérémonie, le chantre Muhammad Hakim ayant souhaité conserver l'esprit du dhikr en respectant le répertoire, la durée et l'ordre dans lequel il est chanté habituellement.
Elevé depuis sa plus tendre enfance dans un milieu mystique, il a fait des études de théologie et appris les mûwashshahat (poèmes chantés de tradition savante) ainsi que le répertoire religieux avec les plus grands maîtres alépins. Invité pour la première fois en 2008 au Festival de l’Imaginaire pour un concert mémorable à l'amphithéâtre de l’Opéra National de Paris Bastille, il revient pour la 3e fois avec une nouvelle génération qu’il a formée et à laquelle il a transmis son savoir, dont ses fils qui perpétuent ainsi l’héritage de leur père.
Tout au long des différentes phases qui constituent la cérémonie, les formules scandées forment un socle sonore impressionnant sur lequel viennent se superposer les chants d'in- vocation et de louanges du munshîd, le chantre Muhammad Hakim. Ici et là, celui-ci marque le rythme en frappant de sa main droite le dos de sa main gauche. Son chant obéit aux règles de la tradition des modes, des rythmes et des formes musicales du Proche-Orient : mûwashshah, qad, shghul sûfi…
Concert à capella