Les mpihira gasy, artistes-paysans, se produisent lors des rituels qui ont lieu pendant l’hiver austral, et en diverses occasions festives, marchés ou foires. Genre syncrétique, le hira gasy présente un foisonnant assemblage : costumes de courtisan du XIXe siècle et instruments européens, sagesse des ancêtres et épisodes bibliques... Son histoire est intimement liée à celle de la royauté merina et à l’introduction du christianisme dans les Hautes-Terres. Basé sur la suggestion et l’émotion, il s’adresse de façon directe au public, avec lequel les mpihira gasy entretiennent un lien presque fusionnel. Les instruments sont pour la plupart d’origine européenne : tambour militaire (langoraony) et grosse caisse (amponga be), violon lokanga, trompette, clarinette... Dans un style remarquable, l’orchestre associe airs locaux, mélodies étrangères acquises au statut de tradition, cantiques et chansons populaires.
Loin de représenter une forme figée, le hira gasy est un art oratoire, théâtral et musical engagé, en prise direct avec la réalité sociale et économique du pays, et offrant un espace d’expression et d’échanges autour de nombreux sujets de société. Les acteurs-chanteurs abordent ainsi, le plus souvent avec humour, la question de l’éducation des filles, des inégalités sociales, de l’insécurité mais aussi les ravages écologiques de l’urbanisation, tout autant que les effets de la corruption ou des problèmes de santé public tel que l’alcoolisme. Durant ce moment de rassemblement où la parole est à la fois poétique et créative, ils rappellent les préceptes de leurs ancêtres tel que le lien sacré qui unit les malgaches à la terre et, dans une mise en abyme, expriment leur rôle d’éveilleur de conscience et de transmetteur de la « bonne parole ». Empreints d’ironie et de critique, tour à tour provocants et moralisateurs, les récits s'achèvent par une leçon, prônant l’harmonie sociale sur le mode d’une parenté élargie (fihavanana).
Troupe familiale, la compagnie Rasoalalao Kavia est l'héritière d'une longue tradition de mpilalao. Originaire du village d'Ampahimanga, dans la province d'Antananarivo, elle est l'une des plus populaires de la région et s’est produite pour la première fois hors de Madagascar à l’occasion de sa venue en novembre 2018 dans le cadre du 22e Festival de l’Imaginaire, après une résidence de création réalisée avec le Collectif 12 de Mantes la jolie.
En partenariat avec le Théâtre Équestre Zingaro et le Collectif 12, dans le cadre du 26e Festival de l'Imaginaire