La musique des Ouïghours est d’une grande richesse et d’une remarquable originalité. Elle prend racine dans un passé culturel brillant qui emprunte aux antiques civilisations indo-iraniennes, au bouddhisme, au manichéisme, aux cultures turcique et enfin musulmane. De nombreuses affinités existent avec les Ouzbeks du fait d’importants échanges au cours du XIXe siècle, en particulier dans la langue, les coutumes et la musique.
Ils ont en commun la mise en forme du répertoire en grandes suites, comparables aux nûba arabo-andalouses ou au shash-maqâm tadjik-ouzbek. Le monument de la musique ouïghoure est le Onikki muqam, les « 12 Suites » interprétées dans 12 modes (muqam) différents. La notion de maqâm existe depuis plus de dix siècles et a été influencée par l'évolution de la poésie, des mathématiques, de la musicologie et du soufisme. Désignant à l’origine le lieu où se jouait la musique, le mot maqâm signifie littéralement « station », d'une échelle mélodique en l'occurrence. Il a aussi le sens de « rang élevé » et désigne un modèle transcendant.
Saniye Ismail, née au Kazakhstan, a grandi dans une famille de musiciens originaire de la région ouïghoure de Chine. Elle s’est formée auprès de grandes chanteuses comme Ayshemgul Memet à l’Institut des Arts du Xinjiang à Urumchi, pour maîtriser l’art de l’interprétation de ces grandes suites musicales. Installée à Almaty (Kazakhstan) depuis plusieurs années, elle mène une vie créative en interprétant des répertoires classiques et contemporains inspirés de la tradition ouïghoure et est aujourd’hui l’une des chanteuses les plus vénérées de la diaspora.
D’après Mukaddas Mijit
Dans le cadre du 26e Festival de l'Imaginaire