Dans la région du Hazaribagh, au nord-est de l'Inde, les maisons se parent depuis des siècles de splendides peintures murales aux tons ocres ou noir et blanc, représentant des animaux, des motifs symboliques ou végétaux. Cet art vivant, rituel et éphémère, obtenu à partir de matériaux naturels et de techniques originales, est l'œuvre de femmes peintres issues de la communauté aborigène des Adivasi. Elles sont les gardiennes d’une tradition provenant des temps anciens inspirée des motifs des peintures rupestres des sites mésolithiques de la région. Bestiaire foisonnant, plantes grimpantes et riches motifs s’étalent sur les murs des maisons des villages, célébrant les grands événements qui rythment la vie des habitants comme le mariage ou les moissons.
Deux styles sont reconnaissables dans cette tradition : le style khovar et le style sohrai. Ils correspondent aux deux saisons marquées par cette pensée religieuse qui exalte la nature. Le style khovar, dont la saison correspondante s’étend de février à mai, célèbre la vie et les mariages. Il utilise la technique du sgraffite, qui consiste à enduire les murs d’une couche de terre noire mélangée à du charbon de bois, puis une terre blanche liquide à base de kaolin qui est ensuite grattée afin de faire apparaitre les motifs, dans un contraste noir/blanc. Le style sohrai célèbre les moissons, la fertilité, l’abondance. Il correspond à la saison qui débute au mois d’octobre après la fête éponyme. Les motifs colorés sont peints sur les murs avec des oxydes rouges, de l’ocre, du kaolin blanc. Les créatures représentées, porteuses de signification, sont familières de la terre, de l’eau et de l’air et rendent hommage aux rites traditionnels.
Cette tradition est aujourd’hui grandement menacée par les campagnes de destruction de la forêt et des ressources naturelles menées par les exploitations minières. En effet, la région du Hazaribagh, dont le nom signifie « mille jardins », détient en son sous-sol 40% des réserves en minerai de l’Inde dont de l’or et du charbon. L’exploitation intensive de ces minerais a une portée destructrice aussi bien sur l’extraordinaire faune de la région que sur le mode de vie des habitants : la destruction des champs et des villages les oblige à quitter la région et à abandonner leur mode de vie ancestral.
L'exposition met en lumière le travail réalisé par la photographe allemande Deidi von Schaewen au cours de plusieurs voyages. Passionnée par l’art mural, elle a décidé d’aider ces femmes à préserver cette tradition en voie de disparition en les faisant connaître par ses photographies, et a également créé une association de soutien avec Bulu Imam, son fils Justin et sa belle-fille Alka, qui, sur place, agissent pour sauvegarder l'environnement et la culture des Adivasi. Outre ces photographies, le prieuré des Bénédictins accueille aussi des dessins originaux des femmes du Hazaribagh, dont la transcription sur papier permet aujourd’hui de témoigner à plus large échelle de la richesse et de la diversité de cet art unique.
Visiter l'exposition
• Un dimanche... (entrée libre)
... avec Deidi von Schaewen, voyageuse et photographe > Visite guidée le dimanche 26 mai à 16h
... au Hazaribagh > Visites guidées avec Camille Golan, chargée des publics les dimanches 28 juillet et 25 août à 16h
• En famille au Hazaribagh (entrée libre)
Visites guidées d'une durée de 30 minutes destinées aux enfants à partir de 4 ans > les vendredis 12, 19, 26 juillet et 2 août à 15h
• Visites guidées sur demande pour les groupes