La Maison des Cultures du Monde se réjouit d'accueillir Hicham Bilali, Driss Filali et Jalal Abantor, en remplacement d'Abdelwahid Stitou et ses fils qui ne pourront être présents à cette date.
Se présentant comme descendants d’esclaves subsahariens arrivés au Maroc il y a des siècles, les Gnawa sont connus pour leur rituel nocturne, la līla (« nuit » en dialecte marocain), lors de laquelle musiciens et adeptes invoquent Dieu, le Prophète, les Saints, les esprits des ancêtres et d’autres entités invisibles.
Souvent associés au Sud du Maroc (Essaouira et Marrakech), les Gnawa demeurent en fait présents dans toutes les villes du pays, où ils se sont installés au fil des siècles. Chaque région, chaque ville, chaque famille possède ses propres spécialités : dans le Nord, c’est le jeu du tambour qui est reconnu comme particulièrement virtuose, disposant d’un répertoire et de chorégraphies propres. Les trois musiciens viennent de la cité impériale de Fès et de la ville portuaire de Tanger. Ces lieux riches d’histoire ont vu se développer des formes d’expression spécifiques : le style šamālī (« du nord »), et fāssī (« de Fès »).
Hicham Bilali et Driss Filali se considèrent comme frères de cœur. C’est auprès du m‘allem Hamid Dkaki que Hicham apprend le répertoire musical, la symbolique des cérémonies, la fabrication des instruments, des secrets des plantes. De son côté, Driss hérite du savoir de son père, le m‘allem Ba Sellam de Meknès. Leur vécu migratoire commun les rapproche encore davantage, et désormais aucune performance de l’un ne se passe sans l’autre.
A Bruxelles, ils font la connaissance de la petite communauté gnawa qui s’y est établie, majoritairement d’origine tangéroise. C’est le cas de Jalal Abantor, fils aîné du dernier grand tambourinaire Ahmed Abantor, qui lui a transmis le répertoire, les techniques et les chorégraphies spécifiques au Nord du Maroc. Ce répertoire, plus structuré et complexe que dans les autres styles régionaux, s’est petit à petit généralisé parmi les musiciens bruxellois.
Avec une communauté d’une quarantaine de musiciens, Bruxelles figure aujourd’hui comme la capitale européenne des Gnawa, et le travail de Hicham, Driss et Jalal n’y est pas étranger. Le trio interprétera plusieurs suites musicales issues du rituel de la līla, chacune dédiée à une famille d’esprits.
Hélène Sechehaye
Dans le cadre du 24e Festival de l'Imaginaire
Cycle « Musiques, danses et rituels : les pouvoirs du son »