Le compagnonnage, qui trouve ses racines dans les fraternités corporatives du XIIIe siècle européen, constitue une manière singulière de véhiculer des savoirs et des savoir-faire liés aux métiers de la pierre, du bois, du métal, du cuir et des textiles, ainsi qu’aux métiers de bouche. Ces savoirs sont mis en œuvre au sein de trois communautés distinctes qui se partagent l’essentiel du paysage compagnonnique.
L’originalité compagnonnique tient dans l’expérimentation et la mise en œuvre de méthodes et processus de transmission du savoir extrêmement variés : pratiques de l’itinérance éducative à l’échelle nationale et internationale (période du « Tour de France »), rituels d’initiation, pédagogie scolaire, enseignement coutumier, apprentissage technique. Chargés de traditions, les savoirs transmis de génération en génération dans le compagnonnage n’en sont pas moins continuellement redéfinis pour s’adapter aux évolutions techniques et sociales des métiers concernés.
C’est l’importance donnée à la transmission du savoir qui fonde véritablement l’identité compagnonnique. Le premier devoir du compagnon est de « re-transmettre ». Les membres du compagnonnage sont reliés par un puissant « lien de savoir » que renforcent des pratiques rituelles (chaîne d’alliance, rites initiatiques) et une organisation sociale fondée sur le modèle familial autour de la Mère.