La grâce d’un geste, le tranchant d’un profil, la délicatesse sophistiquée d’un instrument de musique, inscrits dans les images, bouleversent, des années après leur captation, et invitent à se changer en conteur et à inventer des histoires. L’équipe de la Maison des Cultures du Monde convie, depuis vingt-cinq ans, en France, des individus ou des groupes appartenant aux différentes régions de la planète et favorise des rencontres forgées autour de temps d’exception : ceux de la représentation.
Marionnettes sur eau du Vietnam, Steel-band de Trinidad, P'ansori de Corée, Mugam d'Azerbaïdjan, Teyyam de l'Inde, Tchiloli de São-Tomé, tambours sacrés du Burundi, cricket de Papouasie, tous ces trésors et bien d'autres ont été révélés sur les scènes du Festival des Arts Traditionnels de Rennes et de la Maison des Cultures du Monde.
Depuis trente ans, leurs créateurs, Chérif Khaznadar et Françoise Gründ, parcourent le monde à la recherche de musiques rares, de théâtres insolites, de rituels inconnus, de créateurs exceptionnels.
Le 3 novembre 1956 le Théâtre de l'Alliance française ouvrait ses portes au 101 boulevard Raspail à Paris. Quelles personnalités théâtrales et littéraires, quels chanteurs et musiciens ont habité ces lieux ? À l'occasion du cinquantième anniversaire du Théâtre, Chérif Khaznadar a pris l'initiative de commander cette étude pour que soient révélées les merveilles d'une histoire aussi riche qu'insoupçonnée. Le présent ouvrage fait le récit de cette période, de 1956 à la fermeture provisoire du Théâtre en 1975, avant sa réouverture en 1982 pour y accueillir la Maison des Cultures du Monde.
Universel concret. Peut-être est-ce ainsi qu'il convient d'envisager les "musiques du monde". Le pluriel est important en ce qu'il souligne le poly-culturalisme dont nous sommes pétris, et dont on reprend, de plus en plus, conscience. Quelque chose de transversal aussi. Ce à quoi nous renvoie le terme monde. Ce "mundus" d'antique mémoire : fourre-tout en son sens trivial, lieu de globalité en son sens plénier.
Il n'existe plus, dans le monde entier, qu'un seul théâtre de marionnettes sur eau : le Mua Roi Nuoc du Vietnam. Cette expression millénaire des paysans du nord du pays, vivant entre les rizières et les mares, répond à des besoins aussi mystérieux que vitaux. Chaque famille garde le secret de "sa" manipulation.
Les marionnettes, de splendides sculptures polychromes, obéissent aux mouvements des montreurs qui, dans l'eau jusqu'au hanches, impriment à de longues perches cachées sous la surface boueuse, des impulsions d'une finesse et d'une précision incroyables. L'enchantement surgit de l'élément liquide : les dragons se battent en crachant du feu, de petits drapeaux claquent tout secs au vent, des fées-danseuses tournoient dans les vaguelettes, guidées par la mélodie des musiciens assis sur le bord de l'étang.