Les Wagogo vivent au centre de la Tanzanie. Ils sont réputés et admirés pour leurs splendides polyphonies vocales, leurs répertoires instrumentaux et leurs danses très particulières qui illustrent de manière exemplaire l’originalité, la complexité et le raffinement musicaux du continent africain. Leur musique, tout comme celle des pygmées d’Afrique centrale, des Bushmen d’Afrique australe et divers groupes du sud de l’Éthiopie, a éveillé l’intérêt des ethnomusicologues et de compositeurs occidentaux tels que György Ligeti, Luciano Berio et Steve Reich.
Une des particularités les plus frappantes des Wagogo c’est que seules les femmes battent le tambour, accompagnant avec virtuosité les chants et les danses
des répertoires associés à la fertilité et aux funérailles. À la fois riche et expressif, et toujours bien vivant aujourd’hui, l’univers musical wagogo englobe des instruments de toutes sortes en utilisant diverses techniques polyphoniques comme le parallélisme, l’homophonie, l’imitation, le canon, la superposition d’ostinatos et le hoquet.
Le groupe invité, conduit par leur chef de clan Mchoya Malogo est composé d’agriculteurs et d’éleveurs du clan Nyati du village de Nzali, dans la région de Dodoma. Ces six hommes et ces six femmes illustrent une réalité musicale toujours bien vivante dans les villages wagogo. À eux douze, ils couvrent tout le registre vocal nécessaire à un répertoire vaste et varié de chants polyphoniques exécutés aux moments essentiels de la vie comme les chants msunyhuno pour faire tomber la pluie, mhana pour favoriser la croissance des cultures, nhuma pour annoncer la récolte, cipande pour la fertilité de la terre et la fécondité des femmes et msaigwa qui accompagne la fabrication de la bière de maïs.
Ils ont également plusieurs répertoires de chants et danses rituels : mhongwa pour la fertilité, makumbi pour les initiations ou encore les chants de protocole nhyindo accompagnés aux lamellophones ilimba, aux vièles à deux cordes izeze et aux percussions. Les chants des femmes accompagnés au tambour n’goma démontrent l’énergie débordante du répertoire féminin Muheme, lié aux rites de fertilité et aux funérailles : une démonstration fascinante de musique, de percussions et de danse à l’état pur !
Polo Vallejo